C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Monsieur Patrick Arpino le 20 avril 2025.

Patrick Arpino

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Monsieur Patrick Arpino le 20 avril 2025. Au nom de la SFSM, je tiens à adresser nos plus sincères condoléances pour cette perte douloureuse à ses proches et amis en ces moments difficiles.

Patrick Arpino a été un pilier essentiel pour la communauté scientifique, et plus particulièrement pour celles et ceux qui travaillaient en spectrométrie de masse. Il restera une référence incontournable dans notre domaine, qu’il a marqué de son empreinte si singulière, animée par une réelle volonté de transmettre ses connaissances et son savoir aux jeunes générations. Il a œuvré dans ce sens jusqu’à son départ. Il a depuis toujours montré une très grande détermination à rester actif dans notre communauté envers et contre tout. Il sollicitait ses collègues pour rédiger des textes collaboratifs ou rendre hommage à ses pairs, tout en s’excusant quand il ne pouvait participer en présentiel à nos réunions.

Il nous semble important de retracer ici son parcours afin de rendre hommage à son engagement.

Ingénieur diplômé de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Strasbourg (ENSCS) en 1968, il poursuit son cursus par un doctorat en géochimie organique au Laboratoire de chimie organique des Substances Naturelles (sous la direction du Pr. Guy Ourisson) et met au point une méthode pour l’extraction des acides carboxyliques de matières organiques d’origine sédimentaire, avec les premières identifications de triterpanes dans la série des hopanes. Il rejoint le laboratoire de spectrométrie de masse de F.W. McLafferty à l’Université Cornell (USA), où il sera un des acteurs pionniers pour le couplage LC/MS, avec la mise au point, entre 1973 et 1975, d’une des toutes premières méthodes liant la chromatographie en phase liquide à la spectrométrie de masse. De retour en France, à Palaiseau, dans le laboratoire de Chimie Analytique Physique (CAP) de l’École Polytechnique sous la direction du Pr. Georges Guiochon en tant que chercheur contractuel jusqu’en 1982, puis directeur de recherche CNRS jusqu’en 1986, il continue à développer des montages expérimentaux LC/MS et SFC/MS, notamment pour l’étude de composés azotés et soufrés du pétrole. Il rejoint ensuite l’INRA Paris-Grignon, au laboratoire de chimie analytique, où il met en œuvre les couplages LC-MS et SFC-MS pour la caractérisation d’additifs dans les polymères, un sujet au plus proche de nos préoccupations contemporaines. Divers additifs chimiques sont utilisés dans les plastiques, notamment pour leur donner des propriétés spécifiques, en termes de transformabilité, de résistance ou de sécurité, et leur teneur et nature doivent être contrôlés pour assurer leur qualité, leur innocuité ou leur source. À partir de 1996, il travaille enfin à l’ENSCP Chimie-Paris, et prendra en charge à partir de 2012 les enseignements en Chimie Analytique des élèves ingénieurs ENSCP en 2ème année et, jusqu’en 2016, au niveau Master professionnel des Sciences de la vie et de la santé en Analyses Chimiques et Biologiques de Paris Descartes. Il signe plus de 140 publications, et pas moins de 100 conférences nationales ou internationales, et est resté longtemps collaborateur bénévole de l’Unité de Technologies Chimiques et Biologiques pour la Santé (UTCBS) CNRS 8258-INSERM 1022-Chimie ParisTech-Université Paris Descartes.

Son profil ingénieur lui a donné en parallèle une forte implication dans le monde socioéconomique, notamment auprès de Nermag, très rare fabriquant de spectromètre de masse français dont certains se souviennent peut-être du GC-MS simple quadripôle Automass Jeol. Il a travaillé sur le couplage LC MS avec Nermag dès le début des années 1980 et a poursuivi les années suivantes sur des modèles R1010 modifiés. Il a aussi conseillé et formé les collaborateurs de nombreuses entreprises françaises faisant appel à son expertise en LC et GC-MS, comme Elf, Total, Pierre Fabre, ACD/Labs, Sciex ou PerkinElmer). Il a aussi été conseiller scientifique au pôle judiciaire de la Gendarmerie Nationale à l’IRCGN de 2007 à 2014.

Enfin il est toujours resté très actif pour l’animation scientifique, dès le début de sa carrière, siégeant au conseil d’administration de la SFSM de 1989 à 1992. . Il a aussi pris part à l’animation de diverses sociétés savantes en tant que président de la division de Chimie Analytique de la Société Chimique de France de 2000 à 2005, membre du conseil de la Société Française Histoire de la Chimie (SFHC), membre du groupe Histoire de la Chimie (GHC) de la Société Chimique de France (SCF) Il fut membre du bureau éditorial de la revue Spectra Analyse, et de l’Actualité Chimique, rédacteur en Chef de 1996 à 2000 de Analusis, revue mensuelle de chimie analytique dont il est un des instigateurs, appartenant à la Société Chimique de France.

De nombreuses publications à visée de transmission des savoirs et des techniques ont parsemé son parcours et jusqu’à la fin, il a œuvré dans ce sens, sa dernière feuille de vulgarisation ayant moins d’un an et traitant de « La transformation de Fourier en spectrométrie de masse (FT-MS) expliquée à l’aide d’une analogie musicale », diffusée en 2024 dans Le Bulletin de l’Union des Professeurs de Physique et de Chimie, et sa dernière publication scientifique est sortie dans RCMS 3 jours avant qu’il ne nous quitte.

Patrick Arpino fut un grand personnage, sachant rester discret, expliquant avec beaucoup de pédagogie et de simplicité des concepts complexes. Il a marqué sa génération et inspiré les plus jeunes qui doivent prendre la relève.

 

Pour la SFSM,

Joelle VINH, présidente

Paris, 15/05/2025